Dans la presse en 2022

Soulagement en Limousin avec la responsabilité reconnue de Sanofi dans le scandale de la Dépakine

Le Populaire du Centre

Le traitement antiépileptique serait responsable de malformations et de troubles du comportement chez les enfants dont les mères ont pris le médicament en étant enceintes. En France et en Limousin, c’est un soulagement.

« Une première victoire, enfin ! » Dans la voix de Marine Martin, présidente de l’APESAC, l’Association d’aide aux Parents d’Enfants souffrant du Syndrome de l’Anti-Convulsant, on ressent tout le soulagement de la décision de justice tombée le mercredi 5 janvier 2022.

Le même sentiment anime Angèle Podetti, mère de la jeune Faustine, 18 ans, atteinte de troubles autistiques, membre de l'Apesac dont elle est la déléguée pour le Limousin.

Le tribunal de Paris a estimé que le laboratoire pharmaceutique Sanofi avait « commis une faute en manquant à son obligation de vigilance et à son obligation d'information » concernant les risques pour les fœtus en cas de prise de durant la grossesse.

« C'est une reconnaissance pour les victimes. Sanofi a trompé le consommateur. C'est important pour les mères qui portent aujourd'hui le poids de cette culpabilité ». Cette décision doit cependant être nuancée. Sanofi a fait appel de la décision de justice et ne change pas de position, dans un total déni de responsabilité. Marine Martin fait savoir que l'APESAC fera, elle aussi appel de cette décision, le tribunal ne reconnaissant les enfants victimes de troubles du com- portement qu'à partir de 2001, quand l'association, elle compte des victimes depuis 1984, cette décision écarterait donc un grand nombre de familles. Et pour la suite ?

Angèle Podetti considère néanmoins que la lutte n'a pas été vaine : « Nous n'avons pas fait tout ça pour rien. On va pouvoir espérer être plus nombreux suite à cette décision et être plus fort face à Sanofi.»

Pour cette mère de famille, qui porte tous les jours le poids de la culpabilité, cette décision vient aussi, un tout petit peu, alléger sa peine : « Je m'en voudrais toute ma vie, c'est moi qui ai pris ce médicament, cette culpabilité d'avoir empoisonné mon enfant, je vis avec... On ne nous a jamais rien dit concernant la Dépakine, et même après, en constatant les retards de développement de ma fille, quand on en parlait aux médecins, il balayait cette option d'un revers de main ».

Reconnaissance de culpabilité

Si la reconnaissance de la responsabilité du laboratoire français est un premier

pas, il faut aujourd'hui que ce dernier le reconnaisse et paie les indemnités. « L'argent ne changera pas l'état de nos enfants, mais avec, on pourrait imaginer créer des établissements pour accueillir les jeunes autistes, car nous ne sommes pas éternels, qui s'occupera de nos enfants après nous ? »

La vie d'Angèle Podetti a été totalement bouleversée. Pour prendre soin de sa fille et parce qu'aucune structure n'existe, elle a mis sa vie professionnelle de côté pour être disponible à temps plein pour Faustine.

« Quand j'ai commencé à faire le rapprochement entre les troubles et les retards de ma famille et la Dépakine, quand j'ai rencontré Marine Martin de l'Apesac, j'ai jeté mes boîtes de Dépakine. Ensuite j'ai eu deux autres filles, sans aucun problème de santé, j'ai même découvert ce que c'était qu'un enfant qui jouait. Faustine, elle n'a jamais joué ».

Angèle Podetti reconnait toute l'aide que lui a apporté l'association et si les dé- marches administratives, les dossiers sont lourds à constituer pour la justice, cette décision lui donne de la force : « Au moins aujourd'hui ce médicament n'est plus prescrit aux femmes, on a agi pour la suite ».

Angèle Podetti, confirme la pensée de Marine Martin : « Ça permet de rebooster les familles. Et ça devrait permettre à celles qui n'avaient pas encore osé contacter l'association de le faire. Cela peut parfois faire peur de se lancer dans une procédure judiciaire, mais avec cette victoire... »

Car à croire Marine Martin, de nombreuses familles de victimes n'ont pas encore contacté l'association : « Certaines familles n'ont pas encore fait le rapprochement entre la   et les troubles de leurs enfants, d'autres sont effrayés par les lourdeurs administratives... »

Si Marine Martin rêverait que cette con- damnation force le Président Emmanuel Macron a demandé des excuses publiques à Sanofi, à l'image de ce qui avait été fait suite au scandale Lactalis, elle ne se fait pas d'illusion.

Angèle Podetti, elle, reconnaissante en- vers l'association, grâce à laquelle, elle peut quotidiennement échanger avec d'autres familles de victimes, souhaiterait que Sanofi cesse de nier sa responsabilité et indemnise les victimes. Un moyen pour elle d'essayer d'imaginer un futur pour sa fille de 18 ans et pour tous les autres enfants.

Qu'est-ce que le scandale Dépakine ?

En 2011, Marine Martin, lance l'alerte. Avec la création de l'APESAC, cette mère de deux enfants touchés par les conséquences de sa prise de Dépakine durant ses grossesses, regroupe les témoignages de milliers de familles. Constatation est faite que les enfants dont les mères prenaient des anti-convulsant pendant leurs grossesses, présentent des troubles du développement, des malformations et très souvent des atteintes neurologiques. En 2015, c'est l'entrée en vigueur des recommandations européennes concernant les nouvelles conditions de prescription de la Dépakine. Les praticiens ne doivent plus prescrire de valproate (molécule présente dans les différents anti-convulsant) "aux femmes en âge de procréer et aux femmes en- ceintes". Seuls les spécialistes sont désormais habilités à prescrire du valproate et une "Feuille d'accord de soin", informant des dangers pour le fœtus

doit être obligatoirement signée par les patientes. Depuis les familles de victime se battent pour faire reconnaître la responsabilité du laboratoire pharmaceutique dans la prescription de la et les atteintes causées aux enfants.

Symptômes

 

La prise de Dépakine durant la grossesse a engendré chez des milliers d'enfants différentes conséquences. Les symptômes ont pu être classés en deux catégories, les atteintes malformatives et les atteintes neurologiques. Atteintes mal- formatives : dysmorphies faciales, mal- formations rénales, problèmes ORL, malformation des membres, Spina Bi- fida, craniosténoses, malformations cardiaques. Atteintes neurologiques : déficience cognitive, trouble du langage, troubles autistiques, troubles psychomoteur, troubles de l'attention et troubles visuels. 

 

Source : Le populaire 

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