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« Enceinte, les médicaments, c’est pas n’importe comment ! », sensibilise l’ANSM lors d’une campagne de prévention

Le Monde

L’Agence nationale de sécurité du médicament a lancé mardi sa campagne de prévention avec pour but « de déclencher dans la société un réflexe équivalent à celui de l’alcool et du tabac pendant la grossesse ». 

Prendre un médicament pendant la grossesse n’est jamais anodin et ne doit se faire que sur l’avis d’un médecin, d’une sage-femme ou d’un pharmacien.Une campagne de prévention lancée mercredi 2 juin rappelle ce message, pas suffisamment assimilé par les femmes enceintes :« Enceinte, les médicaments, c’est pas n’importe comment ! » 

Cette campagne va être déclinée à travers des vidéos pédagogiques sur les réseaux sociaux, des encarts dans la presse magazine, 140 000 affiches envoyées aux professionnels de santé, des interviews d’experts, ou encore un partenariat avec le médecin youtubeur Corentin Lacroix (WhyDoc).

« Le but poursuivi est de déclencher dans la société un réflexe équivalent à celui de l’alcool et du tabac pendant la grossesse », explique l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), à l’initiative de la campagne. Si près de sept femmes sur dix se disent tout à fait informées des risques liés à la consommation d’alcool ou de tabac pendant la grossesse, elles ne sont que trois sur dix à le dire pour la prise de médicaments, selon un sondage de l’institut Viavoice réalisé en ligne auprès de 3 500 femmes de 18 à 44 ans. Dans la pratique, 36 % des femmes enceintes de leur premier enfant ont pris un médicament de leur propre initiative, chiffre qui grimpe à 48 % chez les femmes enceintes pour lesquelles il ne s’agit pas de la première grossesse.

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Or « la grossesse est une période particulière, pendant laquelle la prise de médicaments doit être en général évitée », car même les plus courants, comme certains antidouleurs ou antinauséeux, peuvent « avoir des répercussions immédiates ou futures sur l’enfant à naître », explique l’ANSM.

Risque de malformations

Le risque de malformations (des organes ou des membres) est maximal pendant le premier trimestre de grossesse, notamment avec les médicaments à base de thalidomide (sédatif et antinauséeux), d’isotrétinoïne (traitement de l’acné sévère) ou de valproate (traitement de l’épilepsie et des troubles bipolaires).

Pris plus tard au cours de la grossesse, d’autres médicaments, comme l’ibuprofène (anti-inflammatoire et antidouleur) ou qui entrent dans le traitement de l’hypertension, peuvent freiner la croissance du fœtus ou le bon développement des reins. Certains traitements peuvent aussi être en cause dans l’apparition de troubles du développement (autisme, hyperactivité).

« Ce risque n’est pas de 100 %, fort heureusement : ce n’est pas parce que je vais prendre un médicament qu’il aura un effet » sur l’enfant à naître. Mais une seule prise « peut parfois suffire à générer un effet, y compris des interruptions involontaires de grossesse », précise Céline Mounier, directrice de la surveillance à l’ANSM. Ce sont 2 % à 3 % des bébés qui naissent avec une malformation majeure, et une étude européenne attribue 5 % des cas à une prise de médicaments par la mère. A l’échelle française, cela représenterait 800 à 1 200 naissances par an sur 800 000.

Ces dangers concernent aussi des produits souvent perçus à tort comme inoffensifs, tels les médicaments à base de plantes et les huiles essentielles, avertit le gendarme du médicament.

A contrario, une femme sur six qui prenait un médicament sur ordonnance l’a arrêté sans avis médical, principalement parce qu’elle ne voulait pas prendre de risque pour son enfant, alors que tout arrêt ou modification de traitement doit aussi être décidé sur avis médical, notamment en ce qui concerne les maladies chroniques. Ainsi, « un diabète mal équilibré peut avoir des conséquences pour la femme et l’enfant à naître », avertit Céline Mounier.

L’agence souhaite « inciter au dialogue » avec les soignants dès le projet de grossesse, car certains médicaments produisent des effets pendant plusieurs mois, et d’autres, des risques dès les premières semaines de grossesse, à un moment où les femmes ignorent encore qu’elles sont enceintes.

En France, l’information sur les risques liés aux médicaments pendant la grossesse a été renforcée dans le sillage du scandale de la Dépakine (valproate), un médicament contre l’épilepsie et les troubles bipolaires dont les dangers pour le fœtus, connus de longue date, ont tardé à être signalés dans la notice.

Le Monde

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