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Les parents-Dépakine dénoncent un scandale sanitaire

JSD

Elle en a fait le combat de sa vie, pour ses deux enfants, mais aussi pour les milliers d’autres nés sous Dépakine avec des troubles neurocomportementaux et des malformations. Marine Martin a tenu une conférence de presse à Saint-Denis le 15 mai dernier, entourée de mamans victimes de la Dépakine.

Cette mère de famille est devenue la porte-parole de toutes les victimes de cet anti-épileptique responsable de troubles physiques et autistiques de milliers d’enfants. À la présidence de son association, l’Apesac (Association des parents d’enfants souffrant du syndrome de l’anti-convulsivant), Marine Martin s’est transformée en lanceuse d’alerte.

« Aujourd’hui en Seine-Saint-Denis, si 116 victimes ont pris contact avec l’Apesac, on compte 4 décès d’enfants issus de ces grossesses-là. Mais il y en a potentiellement beaucoup plus, insiste cette femme combative. Tout le monde ne franchit pas le cap de décrocher le téléphone et de dire : moi aussi, je suis victime, aidez-moi… » 

Cette conférence de presse à l’invitation d’Éric Coquerel (LFI), député de la première circonscription de Seine-Saint-Denis, a pour but d’alerter l’opinion et de faire pression. « Il s’agit de faire reconnaître le statut de victimes à tous ces enfants nés sous Dépakine mais aussi la responsabilité du laboratoire qui le produit dans le dédommagement des victimes », explique l’élu.

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Entre 16 000 et 35 000 victimes

Pour bien mesurer l’ampleur des dégâts causés par cette molécule, il faut savoir que la substance, le valproate de sodium, est commercialisé depuis 1967 pour le traitement de l’épilepsie, sous la marque Dépakine de Sanofi, et depuis 1977 pour les troubles bipolaires sous les appellations Dépakote et Dépamide. Selon les chiffres de l’ANSM (l’Agence nationale de sécurité du médicament), la Dépakine a fait entre 16 000 et 35 000 victimes sur 50 ans de prescription donc potentiellement des dizaines de milliers de victimes sur la 2e génération. Pour bien se faire entendre et défendre, l’association a contacté un cabinet spécialisé dans le droit médical, et c’est Charles Joseph Oudin, avocat des victimes du Médiator, qui a accepté de prendre en charge le dossier en 2011.

« Nous nous doutions dès l’engagement de la procédure, rappelle la présidente de l’Apesac, que Sanofi se dédouanerait en faisant peser la responsabilité sur l’État, dans la mesure où c’est ce dernier qui a donné l’autorisation de la mise sur le marché du médicament. Aujourd’hui, ajoute la plaignante, les responsabilités sont bien celles du laboratoire qui a produit ce médicament. Et si l’État a une responsabilité de complicité, toute la lumière sera établie dans les procédures judiciaires. » 

Procédure pénale

Sept cents victimes, c’est-à-dire des enfants-Dépakine, ont déposé un dossier et sont engagés dans une procédure pénale et une action de groupe. Pour l’avocate, présente lors de la conférence de presse, cette procédure est bien trop longue. « Cela fait bien longtemps que ces victimes attendent cette reconnaissance. » Les responsabilités de Sanofi ont été reconnues par la justice fin 2017 qui a condamné le géant pharmaceutique à verser 3 millions d’euros à la famille de la petite Camille, née en 2002 avec de lourdes malformations.

« Sanofi persiste et signe en refusant de participer au fonds d’indemnisation », s’étrangle Marine Martin. Après des années de bataille pour faire reconnaître les méfaits de ce médicament auprès des femmes enceintes, des avancées ont été constatées.

Aujourd’hui, il est interdit de prescrire du valproate de sodium pendant la grossesse chez les femmes bipolaires et uniquement en dernier recours chez les épileptiques. Sur les boîtes de Dépakine figure désormais un pictogramme explicite de mise en garde. Mais l’Apesac ne lâche pas la garde et poursuit sans relâche ses efforts pour la reconnaissance des victimes et leur indemnisation par le laboratoire.

Claude Bardavid

 

Les effets de la Dépakine

Les symptômes des enfants atteints d’une embryofœtopathie au valproate de sodium sont aujourd’hui bien identifiés : malformation de la main ou du pied, malformation  rénale/urogénitale, malformation cardiaque, malformation du crâne, fente labio-palatine, spina bifida, dysmorphie faciale, troubles du comportement/ autisme, troubles psychomoteurs, troubles du langage, troubles de l’attention, retard mental, troubles visuels /auditifs.

Source : JSD 

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