Dans la presse en 2019

Après la Dépakine, d'autres médicaments incriminés

La Semaine du Roussillon

Marine Martin a fait éclater le scandale de l'antiépileptique Dépakine, nocif pour le fœtus. Mais alors même que le bras de fer avec le laboratoire Sanofi n'est pas terminé, d'autres médicaments pourraient être pointés du doigt.

« Il fallait que je commence sur la Dépakine pour être entendue sur les autres sujets. » assure Marine Martin, la lanceuse d'alerte des P.O. par qui tout a commencé. « D'autres antiépileptiques sont fœtotoxiques ».

A savoir que l'enfant peut naître, comme suite à la prise de Dépakine parlamère, avec des troubles de type autistique et des malformations. L'Agence Nationale de la Sécurité du Médicament vient de faire un grand pas en publiant le 25 avril dernier un rapport classant les molécules de ces antiépileptiques par ordre de dangerosité. L'essentiel de la vingtaine de médicaments existant présenterait des risques tératogènes. Parmi les plus risqués après Dépakine figureraient le Tegretol, l'Alepsal ouGardenal, leDi-Hydan ou encore le Lyrica. Reste le problème des nouveaux médicaments mis sur le marché. Comme il est impossible de tester un médicament sur une femme enceinte, la seule étude possible consiste à surveiller la population en question, ce qui prend du temps. Marine Martin aimerait qu'un principe de précaution soit appliqué sur ces nouveaux produits, qui devraient pour elle être au moins déconseillés aux femmes enceintes. Par ailleurs elle déplore que le classement de l'ANSM soit juste une liste sans pourcentage précis des risques. « Ils se sont contentés de les classer du plus dangereux au moins dangereux ».

Combien de fois tel médicament est-il plus risqué qu'un autre ? Quelles chances a l'enfant de développer un trouble selon la position dans le classement ? Des éléments qui permettraient à une femme de choisir en pleine conscience son traitement.

C'est l'une des demandes que compte faire Marine Martin lors de sa prochaine audition, le 14 mai, en compagnie de spécialistes. Voilà qui pourrait aussi, pourquoi pas, ouvrir la porte à des réévaluations plus générales. « Si j'arrive à obtenir une prise de conscience sur les antiépileptiques, cela pourrait s'étendre à tous les médicaments en général. Il faut changer le regard des médecins sur les médicaments et la grossesse. Des femmes aujourd'hui ignorent à quel point certains médicaments sont incompatibles avec la grossesse, comme le Doliprane ou les neuroleptiques. »

Effets mutagènes : la seconde génération pourrait être impactée Aujourd'hui la Dépakine est de moins en moins prescrite, y compris aux femmes qui ne sont pas enceintes, pour le cas où une grossesse inattendue surviendrait. Pour autant, Marine Martin poursuit son travail sur la fameuse deuxième génération des enfants de la Dépakine. Le médicament toucherait en effet le patrimoine génétique et les troubles neuro-développementaux ainsi que les malformations pourraient se poursuivre de manière vertigineuse sur les descendants des personnes touchées. Pour la première fois, l'association Apesac publie les éléments inquiétants qu'elle a recensés parmi 187 petits-enfants issus de la première génération d'enfants exposés il y a plusieurs décennies. 99 d'entre eux souffriraient de complications : 30 % avec des troubles neuro-développementaux, 9 % avec des malformations et 14 % avec les deux. Les malformations peuvent être urogénitales, rénales, des membres, du crâne etc. tandis que les troubles sont auditifs, psychomoteurs, du langage... « Jusqu'à quelle branche de l'arbre généalogique ce fardeau pèserait-il ? » Pas de réponse à ce jour du ministère de la santé ni d'étude permettant de préciser ces soupçons.

Boris Becker, La semaine du Roussillon