Dans la presse en 2018

Lencloître: la Depakine responsable des troubles de ses trois fils?

La Nouvelle Republique

Cinq grossesses, deux fausses couches et trois enfants atteints de malformations et de retards. Une habitante de Lencloître met la Depakine en cause.

Angelina est une maman Depakine.
Une quadragénaire de Lencloître traitée à cet anti-épileptique qui cherche aujourd’hui à savoir si les troubles dont souffrent ses trois garçons sont bien dûs à la prise de ce médicament au cours de ses grossesses.
Hier matin, son avocat bataillait en justice contre le défenseur du laboratoire Sanofi devant la juge des référés du tribunal de grande instance de Poitiers.

La justice tranchera le 25 juillet

L’enjeu judiciaire du jour, c’est d’obtenir une expertise chargée d’établir si les retards dont souffrent Dimitri, Kilian et Maël sont imputables à la poursuite du traitement Depakine durant ses grossesses.
A cinq reprises, Angelina s’apprêtait à donner la vie. Mais sa première grossesse en 1996, puis sa quatrième en 2005 se solderont par une fausse couche. La faute à la Depakine ? Son avocat, Me Gaborit, le pense. « Cela faisait partie des risques liés à la prise du médicament. »
Angelina donnera naissance à trois fils, en 1997, 2002 et 2013. Et ce n’est qu’au printemps 2016, en regardant un reportage à la télévision, que la mère de famille se reconnaît dans le quotidien d’une autre maman. Un long combat commence pour faire reconnaître la responsabilité du médicament. Du médicament ou des professionnels de santé qui le lui ont prescrit ?
Hier matin, devant la juge des référés, deux visions se sont opposées sur les responsabilités à pointer du doigt alors que la justice va devoir trancher plusieurs difficultés juridiques.
La prescription est invoquée par l’avocat de Sanofi lorsque les enfants sont nés dix ans après la mise en circulation du médicament et le régime de responsabilité applicable sera différent dans la mesure où les naissances se sont étalées sur une longue période.
En attendant, ce que demande Me François Gaborit, c’est de désigner un collège d’experts, du neurologue au gynécologue en passant par le pharmacologue pour examiner les trois enfants et déterminer si les troubles dont ils souffrent sont imputables à la prescription de la Depakine durant une longue période et surtout au cours des grossesses successives d’Angelina.
La demande n’a rien de fantaisiste, assure le conseil de la Poitevine, rappelant que ce même tribunal avait ordonné une expertise similaire l’an dernier.
Et une récente décision rendue par la cour d’appel d’Orléans vient d’octroyer trois millions d’euros d’indemnisation à une famille. Un dossier où Sanofi s’est pourvu en cassation.
Et Me Armand Aviges qui défend le laboratoire assure que les tribunaux ne sont pas toujours défavorables. Ce qu’il pointe dans ce dossier, c’est une responsabilité diluée entre le laboratoire et les professionnels de santé qui suivaient la maman et lui ont prescrit la fameuse molécule.
« C’est Sanofi qui a alerté les autorités en mai 2003 en demandant à ce que les notices du médicament et celles destinées aux médecins soient modifiées. Ça n’a été accepté qu’en 2016. Ce n’est pas de notre faute. » 
Et l’avocat de s’étonner du dossier médical lacunaire de la plaignante.
« Nous n’avons même pas la preuve de la délivrance du médicament. C’est du Sanofi ou un générique ? Il y avait neuf producteurs de ce produit. On ne sait pas qui l’a fabriqué ! »
La juge des référés dira le 25 juillet prochain si elle fait droit à la demande d’expertise, premier pas incontournable en vue d’une procédure pour obtenir réparation.

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“ J’attends un avenir pour mes enfants ! ”

« Quand j’ai regardé l’émission sur “ Sept à huit ”, j’ai tout de suite vu que Laurence avait les mêmes problèmes que moi avec mes enfants : les retards, les troubles du comportement, les troubles du langage… J’ai contacté l’association, je suis allée voir un généticien, dès qu’il a vu mes enfants, il a compris que c’était des enfants Depakine. Je voudrais que le laboratoire reconnaisse sa responsabilité. Moi, on ne m’a jamais rien dit. On me disait qu’il n’y avait pas de risque, on m’a même augmenté mon traitement à ma deuxième grossesse. En plus, j’ai allaité mes trois fils, ils ont donc continué à en prendre… ce n’est qu’il y a deux ans, en découvrant mon dossier médical que j’ai vu des échanges entre le CHU et mon gynéco au sujet de la Depakine, mais, à moi, ils n’ont rien dit. J’en veux à toutes ces personnes, je n’ai pas été en mesure de choisir. Aujourd’hui, j’attends un avenir pour mes enfants. Le plus grand, il a 20 ans, il faut toujours être derrière lui pour tout, mon deuxième fils, on lui reconnaît a minima un handicap. J’attends de l’aide… »