presse tablette

Dans la presse en 2017

Tératogénicité : outre la Dépakine, quid des autres antiépileptiques ?

En plus de dévoiler les chiffres de malformations congénitales liées à la prise d’acide valproïque (Dépakine et Gé)

l’ANSM apporte un éclairage nouveau sur les risques de tératogénicité associés aux autres traitements de l’épilepsie et des troubles bipolaires (rappelons que dans l’affaire de la Dépakine, un certain nombre de femmes enceintes étaient traitées à visée thymorégulatrice) [1].

D’après l’étude de l’ANSM réalisée entre 2011 et 2015 à partir des données du SNIIRAM, le risque de malformations congénitales majeures serait moins marqué pour les autres médicaments de l’épilepsie et des troubles bipolaires, néanmoins les effectifs sont moins importants. Les résultats mettent toutefois en évidence, pour certains produits, des risques de malformations sévères encore jamais observés avant cette analyse.

Moins de risques avec les autres antiépileptiques ?

L’étude de l’ANSM montre que les autres antiépileptiques sont globalement associés à moins de malformations congénitales sévères que l’acide valproïque (voir encadré). En outre, il existe des différences en fonction des substances en jeu (voir ci-dessous).

Exposition aux autres médicaments de l’épilepsie :

Lamotrigine (Lamictal® et Gé.) (N=2 950) : risque significativement plus élevé de communication interauriculaire (OR : 1,8) et augmentation non significative du risque de communication inter-ventriculaire et de coarctation de l’aorte.

Carbamazépine (Tegretol® et Gé.) (N=487) augmentation non significative du risque de fente palatine.

Prégabaline (Lyrica® et Gé.) (N=1 691) : risque significativement plus élevé de coarctation de l’aorte (OR : 5,5) et augmentation non significative du risque de communication inter-auriculaire et de craniosténose.

Clonazépam (Rivotril® et Gé.) (N=988) : risque significativement plus élevé de microcéphalie (OR : 9,4).

Topiramate (Epitomax et Gé.) (N=521) : risque significativement plus élevé de fente labiale (OR : 6,7) et augmentation non significative du risque d’hypospadias.

Phénobarbital (Gardenal® et Gé.) (N=80) : risque significativement plus élevé de communication inter-ventriculaire (OR : 9,8).

Le risque de malformations ne différait pas selon l’exposition in utero aulévétiracetam (Keppra® et Gé.) (N=594), à l’oxcarbazépine (Trileptal® et Gé.)(N=140) et à la gabapentine (Neurontin® et Gé.) (N=372).

Exposition aux autres médicaments des troubles bipolaires :

Rispéridone (Risperdal® et Gé.) (N=507) : risque significativement plus élevé de communication inter-auriculaire (OR : 5,5).

Quétiapine (Xeroquel® et Gé.) (N=219) : risque significativement plus élevé de pied-bot (OR : 10,4).

Lithium (N=139) : risque significativement plus élevé de coarctation de l’aorte (OR : 33,3).

Le risque de malformations ne différait pas selon l’exposition in utero à l’aripiprazole (Abilify® et Gé.) (N=790) et à l’ olanzapine (Zyprexa® et Gé.) (N=770).

Des risques de malformations mis en évidence pour la première fois

L’ANSM précise que certains résultats sur ces autres médicaments de l’épilepsie et des troubles bipolaires corroborent les données de la littérature alors que d’autres suggèrent de nouvelles associations qui devront faire l’objet de recherches complémentaires.

Parmi les associations déjà rapportées dans d’autres études, l’agence cite :

-les risques augmentés de fente palatine avec la carbamazépine (Tegretol®),

-de fente labiale et d’hypospadias avec le topiramate (Epitomax®),

-de cardiopathie avec le phénobarbital et le lithium.

En outre, conformément aux données de la littérature, les résultats de l’étude ne suggèrent pas d’augmentation du risque de malformations congénitales sévères avec le lévétiracetam (Keppra®) et l’oxcarbazépine (Trileptal®)

En parallèle, les résultats montrent pour la première fois:

- un risque augmenté de cardiopathie avec la lamotrigine (Lamictal®) ;

- un risque augmenté de cardiopathie et de craniosténose avec la prégabaline (Lyrica®) ;

- un risque augmenté de microcéphalie avec le clonazepam (Rivotril®) ;

- des risques tératogènes pour des médicaments récents des troubles bipolaires, notamment un risque augmenté de cardiopathie avec la rispéridone (Risperdal®) et de pied-bot avec la quétiapine (Xeroquel®), substance la plus fréquemment prescrite dans le traitement des troubles bipolaires actuellement.

Pour conclure, l’ANSM indique que « l’ensemble des antiépileptiques fait l’objet d’une évaluation approfondie du risque tératogène conduite par l’ANSM, aujourd’hui en cours de finalisation. »

Les malformations associées à l’exposition in utéro à l’acide valproïque

D’après l’étude de l’ANSM, les malformations majeures associées à l’acide valproïque sont différentes en fonction des indications de traitement : épilepsie ou troubles bipolaires (voir aussi article Medscape ).

Les enfants nés des 1345 grossesses exposées à l’acide valproïque dans l’indication épilepsie avaient un risque significativement plus élevé de :

- spina bifida (6,5‰ versus 0,3‰ ; odds-ratio (OR) :18,8)

- communication inter-ventriculaire (11,2‰ versus 2,7‰ ; OR : 4,0)

- communication inter-auriculaire (19,1‰ versus 1,9‰ ; OR : 9,1)

- atrésie de l’artère pulmonaire (2,2‰ versus 0,1‰ ; OR : 26,2)

- hypoplasie du ventricule gauche (2,2‰ versus 0,1‰ ; OR : 17,9)

- fente palatine (3,4‰ versus 0,7‰ ; OR : 5,2)

- atrésie anorectale (3,4‰ versus 0,3‰ ; OR : 11,0)

- hypospadias (22,7‰ versus 4,8‰ ; OR : 4,7)

- polydactylie pré-axiale (2,2‰ versus 0,2‰ ; OR : 10,8)

Et, en parallèle, les enfants nés des 978 grossesses exposées à l’acide valproïque dans l’indication troubles bipolaires avaient un risque significativement plus élevé de :

- hypospadias (17,5‰ versus 4,8‰ ; OR : 3,8)

- craniosténose (4,2‰ versus 0,4‰ ; OR : 10,2)

Source Medscape