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Dépakine : à quand un logo d’alerte ?

Le Parisien

SANTÉ. Plus de 10 000 femmes enceintes auraient pris entre 2007 et 2014 cet anti-épileptique, nocif pour leur bébé. Les victimes, dont souvent les enfants sont handicapés, réclament une meilleure information.

 

Les victimessont sous le choc mais pas vraiment surprises. D’après les chiffres révélés hier par « le Canard enchaîné », plus de 10 000 femmes enceintes, entre 2007 et 2014, auraient pris de la Dépakine, un anti-épileptique à base de valproate de sodium qui entraîne des malformations et des troubles neurocomportementaux du fœtus. « On pense même que le chiffre est sous-estimé », indique Laurence Blanchard, vice-présidente de l’Apesac, l’association qui défend les familles de victimes de ce médicament. Le scandale n’est pas nouveau, notre journal avait révélé les premières plaintes dans cette affaire en avril. Mais il prend une ampleur insoupçonnée.

 

Victime de crises d’épilepsie fréquentes, Laurence Blanchard, 46 ans, a passé plus de la moitié de sa vie sous Dépakine, commercialisé depuis 1967 par Sanofi. « Quand j’ai voulu avoir mon premier enfant en 1993, mon médecin a écrit au laboratoire pour savoir si je pouvais continuer à prendre mon médicament pendant ma grossesse », raconte cette mère de famille qui travaille comme économiste de construction à Bordeaux. « On lui a répondu qu’il n’y avait pas lieu de m’alarmer à l’excès. Je leur ai fait confiance. » Sauf qu’aujourd’hui, ses trois enfants se retrouvent lourdement handicapés, à cause de malformations et de troubles neurocomportementaux.

 

Pour éviter que d’autres ne subissent le même sort, Laurence milite pour qu’un pictogramme soit apposé sur les boîtes de tous les médicaments nocifs pour le fœtus. « Cela existe sur les bouteilles de vin, rappelle-t-elle. Pourquoi pas sur les médicaments ? » Le laboratoire estime pourtant avoir fait le nécessaire. « Depuis 2006, il est clairement indiqué dans les documents d’information que la Dépakine est déconseillée pour les femmes en âge d’avoir des enfants », assure-t-il. Pourtant, des milliers de futures mamans ont continué à avaler ces comprimés sans avoir conscience des dangers pour leur bébé. « On ne demande pas le retrait du marché du médicament, qui soigne un grand nombre de malades et est en général bien toléré, insiste Marine Martin, la présidente de l’association d’aide aux parents d’enfants souffrant du syndrome de l’anticonvulsivant (Apesac). Mais les médecins devraient le prescrire en dernière intention chez les épileptiques en âge de procréer, en ayant bien pris soin au préalable de les informer des risques encourus pour le fœtus. »

 

Le hic, c’est qu’il n’y a pas toujours d’alternative. « Il existe 24 autres anti-épileptiques mais tous sont nocifs pour le fœtus », rappelle le docteur Hubert Journel, médecin généticien à l’hôpital de Vannes et conseiller scientifique à l’Apesac. L’enjeu pour lui est donc avant tout d’améliorer l’éducation à la santé. « Il ne faut pas laisser penser aux jeunes femmes qu’une grossesse, c’est quand on veut comme on veut, souligne-t-il. Surtout quand on est épileptique. La mise en place de logos sur les boîtes de médicaments serait un premier pas. »

 Le ministère de la Santé se défend

  Le ministère de la Santé, joint hier, estime avoir pris toutes ses responsabilités face à ce problème de santé publique.

 

« Comme il était prévu dans le calendrier, le directeur général de la santé recevra, le 24 août, l’Association d’aide aux parents d’enfants souffrant du syndrome de l’anticonvulsivant (Apesac) pour lui présenter les premiers résultats de l’étude d’exposition des femmes au valproate de sodium entre 2007 et 2014 menée par l’Agence nationale de sécurité du médicament et la Caisse nationale d’assurance maladie. » Ce n’est qu’une première étape. « Dans un deuxième temps, il faudra évaluer l’impact chez les enfants », indique-t-on à l’ANSM. Le ministère promet également la mise en place d’un fonds d’indemnisation pour les victimes. Sans plus de précision quant au calendrier…

  

VIDEO. Dépakine : le rapport minimise le nombre de victimes réelles, selon une association

 

 Source: Le parisien

 

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