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Dépakine : « L’impression d ’avoir empoisonné mes enfants »

JSL

Épileptique, Agnès Janaud, une habitante de Laizé, prend de la Dépakine depuis plus de trente ans. Un médicament accusé de provoquer des malformations du fœtus. Ses trois enfants souffrent aujourd’hui à différents degrés de troubles neurologiques. Rencontre avec une maman qui a décidé de se battre.

 Agnès Janaud vit dans la petite commune de Laizé, dans le Mâconnais. Cette employée de la MSA (Mutualité sociale agricole) prend de la Dépakine depuis 1985, sans interruption. « Mon neurologue m’a prescrit ce médicament après une violente crise d’épilepsie survenue lorsque j’avais 17 ans, se souvient-elle. À l’époque, on m’avait parlé de risque de malformation du fœtus si je tombais enceinte. Mais le médecin n’avait pas l’air plus inquiet que cela. Et ce médicament m’a aidé à me soigner ».

 

Sept ans après le début de son traitement, Agnès Janaud tombe enceinte. Durant sa grossesse, elle continue à prendre ses comprimés trois fois par jour. La petite Julie naît le 4 juillet 1992. Rapidement, la fillette souffre de troubles visuels. « Je suis myope et astigmate, indique Julie, aujourd’hui âgée de 24 ans. J’ai -8 à un œil et -10 à l’autre. Il y a trois ans, j’ai eu un risque de décollement de la rétine. Le médecin n’avait jamais vu ça si jeune ». Aujourd’hui, la jeune femme s’interroge. « Si j’ai des enfants un jour, risquent-ils quelque chose ? On ne sait rien… »

 

En 1995, Agnès Janaud et son mari attendent un deuxième enfant. Malheureusement, le fœtus présente de nombreuses malformations, notamment au niveau de la colonne vertébrale. « J’ai subi un avortement thérapeutique à quatre mois de grossesse, se souvient-elle, émue. On m’a dit que cela pouvait être lié à la Dépakine. Je me suis dit que nous n’avions pas eu de chance ».

 Des enfants repliés sur eux-mêmes

 Un an après « cette terrible épreuve », la famille Janaud s’agrandit avec l’arrivée de Lucie. « C’était un beau bébé mais hypotonique, relate Agnès. Elle ne réagissait pas ». En grandissant, Lucie souffre de problème d’audition. Ce qui engendre des difficultés d’intégration, notamment à l’école. « Elle passait un peu pour une folle, témoigne Agnès. Elle a très mal vécu cette période même si aujourd’hui, elle a réussi ses études ». La jeune fille souffre également d’un hallux valgus (oignon) au pied.

 Le petit dernier de la famille arrive en 2007. « Les premières années, Axel pleurait souvent et ne dormait pas beaucoup. Il me faisait penser à sa sœur », relate sa maman. À son arrivée à l’école, le personnel éducatif se rend compte des problèmes de comportement du garçon. « Axel a des soucis d’attention », expose Agnès. « Il a du mal avec les autres enfants », ajoute sa sœur Julie. Suivi par un psychologue et un orthophoniste, Axel se rendra prochainement au Centre Ressources Autismes de Bourgogne pour un diagnostic.

 « Obtenir une reconnaissance officielle »

 Après s’être « sentie coupable » des troubles de ses enfants pendant de longues années, Agnès a eu un « tilt » en mars dernier, devant sa télévision. Laurence Blanchard, la vice-présidente de l’association Apesac ( lire ci-dessous ), était interrogée par un journaliste de l’émission Sept à Huit , sur TF1.Elle se reconnaît dans l’histoire de cette femme et de ses enfants, qui souffrent de troubles neurologiques. Elle aussi, a pris de la Dépakine durant ses grossesses. Depuis, Agnès a rejoint l’association. Ce qui lui a permis « d’échanger avec d’autres familles ». « Pendant longtemps, je me suis demandé ce que j’avais fait, indique-t-elle. J’avais l’impression d’avoir empoisonné mes enfants. En rejoignant cette association, j’ai arrêté de me sentir coupable ».

 Aujourd’hui, Agnès Janaud est bien décidée à se battre pour « sensibiliser l’opinion » et obtenir « une reconnaissance officielle de la maladie des enfants Dépakine ». Car pour elle, il ne fait « aucun doute ». Les troubles de ces enfants sont la cause de ce médicament aujourd’hui au centre de la polémique.

 

Source : JSL 

 

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