presse tablette

Dans la presse en 2016

Marcq-en-Barœul : après le scandale Dépakine, « quoi de pire que de perdre un enfant ? »

La Voix du Nord 

Après le Médiator, c’est le nouveau scandale sanitaire français. Le fils de Aouatef Souissi, exposé in-utero au Valproate de sodium, né polyhandicapé, a été en 2014 une nouvelle victime du Dépakine. Parce que le décès de Raphaël ne doit pas être vain, sa maman a porté plainte contre Sanofi. 

Aouatef Souissi, 42 ans, a le regard triste, désillusionné, de celles revenues de tout. Dont la peine immense est inconsolable. Souffrant de diabète, suivie aussi depuis l’âge de 19 ans pour dépression et troubles bipolaires, elle est traitée sous Dépakote depuis 2012. Aouatef confie avoir «  tout subi  » d’une vie douloureuse. «  Mais quoi de pire que de perdre un enfant ?  », ajoute-t-elle, essuyant doucement quelques larmes.

 

Car le remède s’est avéré pire que le mal, à l’issue d’une grossesse, pourtant, un cadeau du ciel. «  Généraliste, diabétologue, gynéco et psychiatre me suivaient. J’avais évoqué, lors de ce projet de grossesse, que je prenais du Dépakote. J’avais confiance. C’était à eux de se tenir au courant. Mais pas un ne m’a alertée sur les risques !  »

 

Grossesse difficile

 

En décembre 2013, elle découvre avec bonheur qu’elle est enceinte : «  Je ne m’y attendais plus. Ça faisait tellement longtemps que j’attendais ça !  » Elle arrête alors de prendre du Dépakote. Mais la grossesse se révèle difficile, avec des vomissements incessants, de l’hypertension, de l’œdème, des complications rénales. Conseillère téléphonique, elle doit arrêter de travailler. Ayant vécu longtemps à Ibiza, elle décide de partir à 6 mois de grossesse « dans cet endroit qu’elle aime  », où elle pense qu’elle se sentira mieux. Mais les choses s’aggravent.

 

Conduite aux urgences, on lui annonce que sa vie et celle de son enfant sont en danger. Elle accouche sous césarienne de Raphaël. L’état de son fils, grand prématuré, pesant 715 gr, sous assistance respiratoire, est très grave. Exposé in-utéro au Dépakote, il naît avec un spina bifida, une malformation fœtale, un développement incomplet de la colonne vertébrale causant paralysie, problèmes urinaires, rénaux, perte de coordination des mains, de la vue et de l’ouïe et engendre des problèmes d’apprentissage. À Majorque, Raphaël est opéré avant d’être rapatrié à Jeanne-de-Flandre à Lille.

 

Décédé à un mois

 

Malgré des progrès, l’état de Raphaël, atteint de microcéphalie, s’aggrave. Jugé inopérable, l’équipe médicale décide d’arrêter les soins et prévient les parents. Aouatef et son compagnon passeront ses derniers moments avec lui, 36 heures de lutte, douces, terribles, éprouvantes. Car à dix reprises, leur « petit bonhomme courageux  » fera des arrêts respiratoires, des cyanoses et reviendra à la vie. C’est quand Aouatef lui dira «  Mon chéri, tu peux partir en paix, papa et maman, on t’aime, tout ira bien  », que Raphaël partira dans un soupir, à un mois.

 

Pour conjurer le sort, Aouatef, qui a jeté ses boites de Dépakote en août 2014, après en avoir découvert les risques, accouche sans problème, le 19 juillet 2015, d’une petite-fille, Léonore. «  C’était un miracle. Maintenant, j’ai toujours peur qu’elle se fasse mal, je crains de la perdre !

 

Source : la Voix du nord