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Dépakine. Des risques trop longtemps cachés

Le Télégramme

C’est un autre Mediator », avance un expert, évoquant les effets longtemps cachés d’un médicament antiépileptique pris pendant la grossesse. Des familles ont engagé des recours devant les tribunaux. 

Concevoir un enfant alors que l’on prend du valproate de sodium, un médicament antiépileptique ? Pas de problème allez-y ! répondait le Vidal jusqu’en 2005, avant de déconseiller toute grossesse sous valproate l’année suivante. « Les victimes sont des enfants, handicapés à des degrés divers parce que le médicament que leur mère prenait durant sa grossesse était un poison pour eux. C’est un autre Mediator », analyse un expert. Mais contrairement au Mediator, pas question d’interdire ce produit. Le valproate est un médicament très efficace. Des épileptiques ont vu leurs crises disparaître complètement et cela a changé leur vie. Seulement voilà, ce médicament du laboratoire Sanofi, commercialisé sous le nom Dépakine, et qui existe aussi en générique, peut provoquer des malformations du foetus, c’est ce qu’on appelle un effet tératogène. Et il fallait informer les femmes des risques qu’elles couraient à prendre ce médicament si elles souhaitaient une grossesse. Selon la revue Prescrire, dans un article de 2009, de nombreuses études de suivis de grossesse ont montré que le valproate est plus tératogène que d’autres antiépileptiques. En Grande-Bretagne, les familles ont commencé à se regrouper dès 1999. En France, en 2008, une famille de la région d’Amboise s’est lancée seule dans un recours judiciaire contre Sanofi et a été déboutée. Mais cette expérience a contribué à la création de l’Apesac, association d’aide aux parents d’enfants souffrant du syndrome de l’anticonvulsivant, début 2011 par un couple de Perpignan. 

Expertise à Perpignan 

« Notre fils, âgé de 11 ans, souffre de troubles psychomoteurs et une intervention chirurgicale a permis de corriger une malformation physique. Nous nous sommes lancés dans une action juridique contre Sanofi et nous venons de bénéficier d’une expertise. Sanofi utilise toutes les procédures pour ralentir l’action », explique Florent Martin, président de l’Apesac qui rassemble aujourd’hui, une centaine de familles et 200 enfants. 

Un recours dans le Finistère 

Une famille du Finistère, non adhérente à l’Apesac, dont l’enfant est handicapé à 80 % a aussi démarré une procédure en quête d’une reconnaissance de la responsabilité de la Dépakine. D’autres se posent des questions, comme cette mère de famille brestoise dont les deux filles sont sourdes de naissance. « Je suis en colère contre mon neurologue. Je prenais de la Dépakine depuis mes treize ans, je n’ai fait le lien que tardivement entre le médicament et les problèmes de mes filles, âgées aujourd’hui d’une vingtaine d’années », dit-elle. Adhérente de l’Apesac, elle tente aujourd’hui de rassembler les dossiers médicaux. Rude tâche. « Nous avons retrouvé une première publication scientifique, en 1984, dans un journal de pédiatrie américain, « Pediatric Research » qui évoque clairement l’effet tératogène du valproate. Pourquoi a-t-on tant tardé à prévenir les femmes ? », s’interroge Florent Martin. 

Pratique Association Apesac tél. 09.53.05.07.99. contact@apesac.org www.apesac.org

Catherine Le Guen
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